Art open doors and break walls ♦ Ruby & Jean

Ruby & Jean

Le musée de Lavandia cachait de véritables trésors. Loin d’être aussi ambitieux que d’autres plus grands noms, il répertoriait malgré tous quelques grandes œuvres d’artistes ayant vécus dans la région où s’étant inspiré du Bayou pour repousser les limites de leur art à quelque chose d’imprenable et d’incroyable. Certes, quelques expositions temporaires venaient également de temps à autre apporter un peu de nouveauté dans la galerie, se renouvelant tous les trimestres en moyenne. Alors, aussi régulièrement que possible, Jean aimait s’aventurer dans ce lieu solennel à l’ambiance bien calme et sereine, loin de celle que dégageait son propre appartement.

L’ambiance renfermée et peu ouverte sur le monde extérieure dans laquelle elle vivait au quotidien s’effondrait dans un lieu tel que celui-ci. La tranquillité et le silence étaient reposant quoique surprenant et c’était dans le but de se laisser toujours plus surprendre que la blonde s’aventurait par ici. Les yeux rivés sur un tableau représentant la nature sauvage du Bayou, elle en vint presque à regretter cet isolement qu’elle s’imposait et qui lui était pourtant nécessaire pour garder son autre vie masquée du reste du monde. Pourtant, ouvrir les yeux sur ce qui l’entourait était une chose véritablement étonnante qu’elle adorait un peu plus jour après jour et qui n’avait de cesse de lui montrer toutes ces choses qu’elle ne connaissait pas réellement, s’étant coupée du reste du monde il y avait fort longtemps de cela.

Elle portait un chemisier bleu ciel et un jean. Rien de plus simple, me direz-vous. Sa veste en cuir sur son avant-bras, les yeux noisette de la jeune femme parcouraient cette toile, se perdant dans le mélange des couleurs ainsi que les différentes formes mises en avant dans la représentation qui se trouvait devant ses yeux. Le tableau était grand et dans une grande partie, coloré de teintes de vert et de bleu, nuancé par d’autres, le Bayou et ses terrains humides se trouvant merveilleusement mis en valeur. En observant cette toile, il était certain que toute personne sensée devait être tenté de prendre sa voiture pour se rendre dans un tel paysage et l’explorer en temps réel. Ce fut en tous cas l’envie qui saisit Jean qui resta de longues minutes devant le paysage peint, comme aspirée par l’image qu’il renvoyait, hypnotisée par cette capture saisissante de la vie réelle de cet endroit dans lequel elle vivait. Comment avait-elle fait pour passer à côté de ça durant tout ce temps ?

Finalement, cillant, elle reprit conscience et, les yeux toujours rivés sur l’œuvre, elle se remit en marche. Peut être aurait-elle du regarder devant elle car, ne la voyant pas, elle entra en collision avec une jeune femme rousse qui s’était placée à ses côtés se faisant à son tour absorber par la peinture. Lâchant un petit cri de surprise, elle finit par s’écarter un peu brusquement avant d’écarquiller les yeux. « Oh mince… Je veux dire… Pardon ! Je ne vous avais pas vu… Je regardais la toile et… Vous n’avez rien ? » Rares étaient les moments où elle entrait en interaction avec le monde qui l’entourait, mais, bien qu’elle espérait pouvoir fuir le plus rapidement possible, elle ne pouvait simplement passer son chemin au vu des circonstances.